La botigueta de Bellreguard

Patrimoine

Bien d’Intérêt Local

La botigueta de Bellreguard (boutique) ou Botigueta nova de Pedro Llinares (au numéro 3 de la rue Sant Antoni) dispose d’une valeur patrimoniale mise en évidence par l’affiche publicitaire de sa façade. Le panneau extérieur en céramique est l’un des rares qui restent dans le Pays Valencien et, tout comme la façade, est considéré Bien d’Intérêt Local du Patrimoine Culturel Valencien.

En 1925, la boutique étant sous sa direction, Pedro Llinares installa le panneau sur la façade. Il fut élaboré par l’usine de céramique de José María Verdejo, reconnu pour l’excellence de ses créations pendant les années 20 et 30 du XXème siècle. Verdejo est l’un des deux fabriquants de Manises qui se consacrent au système belge, ainsi dénommé en référence au pays d’origine de ce type de carreaux. Elaborés avec de la pâte blanche, des argiles et du kaolin en provenance de Villar del Arzobispo, les carreaux mesurent 15 x 15 cm, à la différence des traditionnels carreaux de pâte rouge ou en terre de sienne, de 20 cm.

Pour la décoration, on utilisait la technique de l’engobe et de revêtement (tube-lining) et des faïences de couleurs translucides, de surface plane et sans clair-obscur. Sur une pièce biscuitée, avec une poire, on appliquait une pâte épaisse et consistante qui dessinait et marquait le contour. Ensuite on remplissait les coupes obtenues avec les émaux et chaque couleur se trouvait bien délimitée par une ligne qui ressortait.

Sur l’enseigne commerciale, la légende prime sur la décoration, encadrée par une bordure. Un autre liseré parcourt la façade et souligne les portes et les fenêtres des deux étages du bâtiment.

La façade est composée de carreaux bleus, de moulures en relief et d’autres carreaux qui montrent des éléments géométriques et des couleurs vives, dans le style de Déco. La partie inférieure droite porte la marque de fabrique.

La mairie de Bellreguard, via une convention avec l’actuelle famille propriétaire, a réalisé les gestions et les travaux pour la restauration et la conservation du panneau céramique et de la façade, restaurés début 2021 sous la responsabilité de Patricia Montoro, et les carreaux de rechange, fabriqués par Xavier Morant, par hasard, un des petits-fils de José María Verdejo.

L’ancienne rue

Compter sur la chronologie temporaire de la botigueta jusqu’à nos jours signifie aussi mentionner les personnes et les faits et s’immiscer dans cette partie de l’histoire qui apparaît rarement dans les livres, qui sont les histoires familiales. Parce que l’histoire d’un lieu est liée, au moins, à une personne, à un fait et à un moment, et bien qu’elle ne perdure pas toujours dans le temps, nous essaierons, autant que possible, de tout conserver dans notre village. Le contexte est toujours important. C’est pourquoi nous raconterons ce que nous savons.

La botigueta (droguerie, mercerie et quincaillerie pendant un temps) est originaire de 1874 et fut céder par Juan Bautista Barber Pérez à Pedro Llinares Marco le 15 avril 1923 pour 5000 pesetas.

Dans les registres industriels de la mairie de Bellreguard, l’établissement apparaît au nom de Pedro Llinares, et de 1938 à 1948, au nom de Julia Llinares Fuster, sa fille. Pendant toutes ces années des carnets furent édités, dans lesquels un timbre était collé pour chaque achat de 50 centimes de pesetas, et avec lesquels on obtenait un petit cadeau pour chaque page remplie.

Carnet de cadeaux

Pedro Llinares fut emprisonné à la fin de la Guerre Civil Espagnole, accusé d’appartenir au Comité Secret Antifasciste Local. Sa fille Marina fut aussi victime de représailles. Elle fut emprisonnée plus d’un an dans l’Ecole Pía de Gandia, où elle a fêté ses 17 ans.

En 1948, Pedro Llinares a été libéré et émigra en Argentine avec sa famille. Cette même année ils cédèrent la boutique et louèrent le bâtiment comme résidence à Pura Borràs Pastor (Pureta), pour 19.463,30 pesetas, laquelle dirigea la boutique avec son mari, Vicente Pastor Tormo, de 1948 jusqu’à sa fermeture définitive en 1986.

Le 21 novembre 1983, faisant cas à la nouvelle législation, ils sollicitèrent à la mairie de Bellreguard la “législation d’ouverture” de la boutique comme établissement commercial dédié à la vente au détail de tous types d’articles. En janvier 1984, la licence d’ouverture leur fut concédée, pour laquelle ils payèrent 8.400 pesetas.

Le 4 mai 2006, le bâtiment de la boutique a cessé d’appartenir à la famille de Pedro Llinares pour avoir été vendu par sa petite-fille.

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